Composée, arrangée et produite par: Nobuo UEMATSU - Nombre de pistes: 110 (4 CD) - Sortie: 30 août 2000
http://www.square-enix.com/eu/fr/music/tunes/ff9.html
« J'aime bien cet album. Nous l'avons composé à Hawaii, un environnement complètement différent pour nous. […]Le changement d'environnement fut une bonne chose. Je me rappelle d'avoir travaillé sur mes compositions jour et nuit... et quand je me réveillais le matin, je pouvais toujours admirer le ciel bleu et l'océan à ma gauche. C'était merveilleux.» C’est ainsi que Uematsu-sensei voit l’élaboration de l’OST du numéro IX de la légendaire saga
Final Fantasy. Exotique, émouvant, grandiose, cet album l’est d’ailleurs tout autant que son cadre fœtal. A l’image du jeu que sa musique illustre, il marque un tournant incroyablement intéressant dans la série…
Les gros changements sont évidemment le ton de la musique, et les instruments qui la mènent. Ainsi, les mélodies se parent, pour la majorité d’entre elles, de tonalités médiévales, en adéquation avec l’univers du jeu, et les instruments classiques laissent dans leurs rangs la place à des instruments plus exotiques, notamment la flûte de Pan.
Il est d’ailleurs surprenant de voir à quel point ces instruments s’adaptent aux exigences d’un tel univers musical. Il suffit d’aller à Lindblum pour comprendre : le thème éponyme, qui vous accompagne dans les rues pavées du somptueux royaume, est rythmé de tam-tam qui, malgré leur nature, n’entravent en rien la magie médiévale du lieu. Il est étonnant de sentir une telle harmonie avec la beauté des façades des maisons…La cerise sur le gâteau revient à
Out of the Frying Pan, un morceau qui sent bon la joie et l’amitié qui règnent dans la taverne du quartier ouvrier. Ces tonalités entraînantes auxquelles se joint le doux air d’une flûte de Pan rendraient le sourire à n’importe quel dépressif. Mon morceau préféré.
Lindblum n’est heureusement pas le seul endroit à bénéficier de ce style, puisque l’on peut le retrouver dans les régions fortement exotiques de Condéa et de Madahine-Salhee, mais aussi – et c’est plus étonnant – dans les galeries du Pic de Goulg, où l’on peine pourtant à l’attendre, et l’on peut le voir se joindre à la douceur d’une mélodie enfantine pour le
Eiko’s Theme.
Autres morceaux qui sentent bon la joie,
Zidane's Theme et
Abroad the Hilda Garde, thèmes aériens qui retranscrivent parfaitement le sentiment d’évasion qu’offrent les sorties sur l’aérocargo et l’Hildegarde 2. Si le premier est appréciable, le second est exceptionnel. N’oublions pas non plus le très bon
Black Mages Village…
Bien sûr, l’aventure ne se prête pas toujours à ces joies musicales, et le ton est beaucoup plus sombre lorsque l’aura de Kuja s’approche. C’est alors qu’un piano lance les notes peu rassurantes qui marquent le début de son thème, alliance de deux mélodies au rythme mystique. Et encore, je ne vous parle pas de la musique pétrifiante que nous donne un piano dantesque pour un
Master of Time, un
Pandemonium ou un
Where I Belong, celui-ci s’accompagnant même de mains qui se frappent dans un concert lugubre. A noter aussi, la torture que subit
Not Alone pour un moment du jeu qui n’est pas moins insupportable.
Moins glauques, mais encore plus tragiques, les thèmes qui s’enchaînent de Guismar à Bloumécia. Qu’il s’agisse du thème de Freyja (et de sa déviation
Unforgottable Silhouette), du thème de Bloumécia ou du
Wavering Blade (qui rythme vos combats contre Beate), on sent la tristesse et la fatalité qui s’abattent sur un peuple, et en particulier sur l’un de ses chevaliers, la pauvre Freyja.
Ces derniers morceaux s’apparentent à la guerre, mais sont surpassés en matière d’épique par des thèmes principalement concentrés sur Alexandrie. Alliés au burlesque pour le
Steiner’s Theme notamment, ou au tragique pour
Something to Protect et le captivant
City Under Siege pour ne citer qu’eux, ils complètent le tableau impitoyable d’une musique qui glorifie rarement les actes guerriers.
Les drames des conflits ne semblant pas suffire, la tragédie s’empare de l’Amour qui rythme l’aventure. Ainsi,
Tragic Love, qui marque somptueusement la pièce de théâtre des Tantalas, est magnifique, la force des instruments l’amenant à un niveau d’émotion que vous aurez rarement pu apprécier dans un morceau,
avec Behind the Door et son final magistral. L’OST Plus saura aussi vous offrir son lot d’émotions dans ce genre, mais c’est un autre album sur lequel l’on ne peut s’attarder ici.
Il m’est impossible de m’y étendre de même, mais il serait impardonnable de ne pas mentionner le doux
Village of Dali, le somptueux
Cid’s Theme ou encore le génial
Vamo alla Flamenco.
Pour ce qui est de
Melodies of Life, Emiko Shiratori nous offre, en Japonais comme en Anglais, une chanson envoûtante, avec une mélodie magnifique, pour accompagner le générique.
J’ai cité nombre de morceaux, mais il faut savoir que les autres ne sont pas forcément exceptionnels. C’est bien là l’un des traits principaux de cette OST : son inégalité. Le bon fait suite au moins bon, le splendide côtoie le passable, bref, la qualité est loin d’être homogène.
Cela n’empêche que peu de morceaux sont vraiment à rejeter, et que la plupart, si elle est loin du niveau des meilleurs thèmes de l’album, se laisse tout de même gentiment écouter.
En conclusion, on peut dire que l’OST de
Final Fantasy IX explore toutes les tonalités, de la joie à la tragédie en passant par l’épique et le serein, dans des mélodies pour lesquelles le mot « magie » prend tout son sens.
Uematsu-sensei a signé là l’un de ses meilleurs travaux, sinon LE meilleur, avec l’OST de
Advent Children. Une OST indispensable, qu’il vous faut à tout prix si vous désirez écouter de l’émotion…